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Condensé du rapport hebdomadaire du 26 décembre au 1er janvier 2003

Issu par le « Palestinian Center for Human Rights » de Gaza.

Bombardements et incursions en terre palestinienne

Vendredi –01h00- Depuis la colonie de Ganeï Tal à l’ouest de Khan Younis  l’occupant tire sur la localité de Al Rabwat, aidé de fusées éclairantes. L’une d’entre elles s’est écrasée sur la ferme et le hangar de SULEIMAN AL ASTAL. Le foi, le bétail, les bâtiments et la ferme ont tous brûlé. La Défense Civile Palestinienne est intervenue à temps pour que le feu ne se propage pas aux maisons voisines.
18h30-  Un vedette de surveillance ouvre le feu au large de Beit Lahia où 5 bateaux de pêche  font relâche non loin de la côte, les bateaux n’étant pas encore sortis en mer pour pêcher. Les 3 bateaux de la famille BAKER ont brûlé et les 2 de la famille ABU RIALA ont été sérieusement touchés. Aucune sommation préalable. Les tirs ont duré 2 heures. Les équipages ont été dans l’impossibilité de maîtriser les incendies
samedi –14h00-  Localité de Al Bilka au S.O. de Deir Al Balah. 1 bulldozer et des engins blindés y pénètrent à 600m. Plus d’un hectare de goyaviers, de palmiers et d’oliviers est défoncé. Les 5 petites salles des pompes appartenant aux familles AL SALKAWI, BARAKA et AL ASSAR ont été détruites. Elles permettaient l’irrigation par goutte à goutte de ces plantations.
« Il était 17h00. J’étais assis avec ma fille HANIN de 8 ans et mes autres enfants dans la rue adossés à notre maison située à quelque 700m de la colonie de Neve Dekalim, raconte ‘ABDUL ABU SULEIMAN, 54 ans, quand j’entends des bruits de tirs nourris en provenance de la colonie. On se lève et on se précipite à l’intérieur de la maison. Mais HANIN tombe. Je me précipite pour la relever. Elle saignait de la tête. Nous la conduisons aussitôt à l’hôpital Nasser. Les docteurs déclarent son état, critique. Elle est conduite en ambulance à l’hôpital européen de Khan Younis. Au cours du transport son cœur cesse de battre, elle était morte à l’arrivée à l’hôpital. »
18h30-  Depuis la frontière nord avec l’Israël, l’occupant tire 3 obus-fléchettes sur Beit Hanoun. (Chacun contient environ 10.000 fléchettes). MOHAMMED AL KAFAMA, 22 ans et MAHMOUD ‘ABDOU, 28 ans, sont blessés au cou et dans le dos. Leur état est sérieux. Ils étaient à environ 2.000m de la frontière, de là où provenaient les tirs.
Mardi –15h30- Des tanks sont postés à la frontière égyptienne. L’un d’eux tire en direction des habitations de Rafah sud. HASSAN AL SHA’ER, 15 ans,  prend une balle dans la tête alors qu’il était à proximité de son domicile situé à 1.200m de la frontière. Son état est sérieux.
Mercredi –14h00-  2 tanks se déplacent à 400m au nord de la colonie de Kfar Darom, à l’est de Deir Al Balah.  2 hectares d’oliviers de palmiers et de cultures maraîchères ainsi que 2 maisons en construction sont défoncés.
23h50-  20 tanks et 2 hélicoptères pénètrent à 150m dans le camp de réfugiés de Al Bureij. ESSAM WISHAH, 27 ans, est blessé par balles. Plusieurs maisons sont endommagées. Il s’agissait d’encercler et de fouiller la maison de BASSAM ‘OLEIWI d’où il était absent. Un appartement mitoyen  faisant office de bureau du «  Front Populaire de Libération de la Palestine » est également saccagé.

Tirs sur des civils

Dimanche –12h00- au poste de contrôle pour rentrer dans le village de Al Mawasi par le sud, à la hauteur de Rafah.  Des manifestants locaux et des internationaux font un sit-in devant le barrage. L’objectif : obliger l’occupant à laisser rentrer chez eux les habitants de Al Mawasi bloqués depuis le 6 novembre du côté de Rafah. Il y avait une vingtaine d’internationaux à 200m du barrage. Un caméraman de Associated Press, arborant son badge de presse sur sa veste est touché d’une balle dans la tête. Son état est sérieux.
Mercredi – Selon l’enquête de terrain fait par le PCHR, il était 17h30 lorsque l’occupant a ouvert le feu depuis la colonie de Elli Sinaï au nord de Beit Lahia. 3 jeunes du camp de Jabalya : MOHAMMED DAWAS, 14 ans, TARIQ DAWAS, son frère, 15 ans et JIHAD ‘AABED, 15 ans, s’écroulent tués par balles à la tête et à travers le corps.  La radio israélienne dans son émission en langue arabe a aussitôt annoncé que 3 Palestiniens armés de couteaux s’apprêtaient à pénétrer dans la colonie. La radio s’est gardée de dire leur âge. A 22h45 les 3 corps ont été restitués à des ambulances palestiniennes qui les ont conduits à l’hôpital Shiffa de Gaza. Le secteur étant particulièrement exposé aux tirs de l’occupant qui tire sur tout ce qui bouge, aucun témoin n’a pu en dire plus. Il est sûr qu’aucune sommation n’a été faire et qu’en tout état de cause la riposte est disproportionnée à l’initiative qui reste à prouver.

 Représailles à l’encontre des familles de résistants.

Mercredi –03h00-  L’occupant accompagné de blindés pénètre  dans Al Rabwat. La maison de SAID AL ‘AGHA, 75 ans, père de YASSIN qui a été assassiné par l’occupant le 10 décembre, est investie. Les 6 habitants de cette maison de 2 étages sont sommés de sortir sur le champs ainsi que les habitants des maisons voisines. SAID est utilisé comme bouclier humain pour fouiller la maison qui est ensuite réduite à un tas de gravas. La maison voisine et un puits ont été détruits.

 Poursuite du siège

Jeudi –11h00- les postes de Abu Hulli et de Al Matahen sont fermés . Fouille des voitures en file d’attente, contrôle d’iden,tité de leurs passagers, interrogatoires, arrestation de 3 civils
Samedi –17h00- mêmes lieux. Mêmes procédés SAMI AL ‘ ASTAL, 32 ans enseignant à Khan Younis est embarqué.
Lundi.  Mêmes lieux.  La voiture du ministère des affaires religieuses est prise sous les tirs de l’occupant.
Dimanche –11h00-  barrage de Al Tuffah entre Al Mawasi et Khan Younis.  Des internationaux ont fait en sorte que les habitants de Al Mawasi  puissent rentrer chez eux. Ils attendaient depuis 2 jours.

 

 

MALNUTRITION  EN  PALESTINE

par Peter Hansen, commissaire général de l'UNRWA (Organisme des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens) 11 décembre 2002

Le monde s'est habitué à ce que la faim se manifeste uniquement à travers des joues creuses et des estomacs distendu, trop connus par les terribles famines en Afrique. Aujourd'hui, une faim insidieuse s'étend la population palestinienne à Gaza et en Cisjordanie. Elle est cachée, se manifestant dans le sang anémique des enfants ou perdue dans des statistiques qui prouvent une croissance nettement retardée. Une malnutrition épouvantable et silencieuse envahit les Palestiniens. Les populations de Gaza et de la Cisjordanie ont vécu pendant plus de vingt ans avec des check-points, des couvre-feu et des blocages qui ont ravagé leur économie. Plus de 50% sont actuellement au chômage et plus de 60% vivent en-dessous du seuil de la pauvreté. Les effets de cet effondrement économique ont été nombreux et chaque personne ayant un revenu, ou un ami de la famille travaillant à l'étranger, supporte au moins sept adultes.

Mais la deuxième Intifada dure plus de deux ans maintenant, et la pauvreté se sent de plus en plus dans les estomacs. Dans la terminologie des experts, les Palestiniens souffrent avant tout de déficiences micro-nutritionnelles - ce que l'OMS appelle « la faim cachée ». Elle semble être moins dramatique que la malnutrition causée par un manque le protéine en Afrique, mais à l'échelle où elle se manifeste chez les Palestiniens, elle est au moins aussi dramatique. Les enfants qui souffrent de déficiences micro-nutritionnelles ne peuvent pas grandir et se développer normalement, ce qui cause souvent des dégâts irréversibles et des graves affaiblissements de leur système immunitaires.

La santé mentale et physiques chez les enfants et chez les adultes se détériore. Dans les cas les plus extrêmes, les dégâts peuvent causer la cécité ou la mort. En Palestine, le développement de la santé mentale et physique de toute une génération est mise en jeu. Une étude de l'Agence américaine pour le développement international actuellement en cours a constaté des carences des fer et de zinc auprès de quatre enfants palestiniens sur cinq. Ces deux carences sont à l'origine de l'anémie et affaiblissent le système immunitaire. Plus de la moitié des enfants sur les territoires ont des apports caloriques et de vitamine A inadéquats.

Avant le début de l'Intifada, l'UNRWA  a assuré de l'aide alimentaire à environ 11000 familles vivant en Cisjordanie et à Gaza, pendant les deux dernières années, le programme alimentaire s'est étendu à plus de 220 000 familles, c'est-à-dire pratiquement la moitié de la population palestinienne de Gaza et de la Cisjordanie.

 A Gaza, il n'y a pas encore de visages squelettiques qui regardent dans les caméras qui attirent l'attention, il n'y pas encore de ventres gonflés qui choquent le monde et qui poussent à l'action. Les Palestiniens affrontent une faim cachée et l'horreur silencieuse va physiquement et mentalement marquer toute une génération.