"infos Gaza" - 14 -                                Palestine 33  Tel & Fax 05 56 62 05 78                  jacques.salles@wanadoo.fr

Chers amis,

bienvenue aux nouveaux amis de Millau et de Rodez avec lesquels Palestine 33 et Bernard RAVENEL ont animé deux soirées sur "la Palestine, quel avenir ?" les 23 & 24 Février.

70 & 90 personnes.

En rentrant un fax nous attendait de nos amis Youssef et Claude de Ramallah :"... Nous avons un temps très froid, pluvieux, tempête, grêle. On annonçait même de la neige la nuit dernière, ce qui n'a pas empêché les israéliens de bombarder Beit Jala. On a vu les images à la télé les maisons sont complètement détruites. Un jeune de 18 ans a été tué. Les jours se répètent avec leur lot de malheur et le silence de la communauté internationale. Et que dire des tractations entre Likoud et travaillistes et les zig zag de BARAK... c'est lamentable.

ON NE PERD PAS COURAGE. Amitiés à tous."

 

lettre de IBRAHIM KHASHAN, adjoint au maire de El Qarara, un des correspondants de Palestine 33.

Chers amis de Palestine 33,

Nous vous envoyons nos salutations et notre grande affection.

Jour après jour les liens qui nous unissent à vous se renforcent.

Puisque vous nous demandez des nouvelles sachez que nous sommes sous un siège permanent.

La route de Al Qarara à Gaza est fermée. Les étudiants, les garçons comme les filles sont obligés de dormir chez d'autres étudiants parce qu' ils ne peuvent plus rejoindre leurs domiciles. Des milliers d'employés ne peuvent plus se rendre à leur travail. Depuis le mois d'octobre les ouvriers ont vu leur situation se dégrader et  ils sont aujourd'hui incapables de payer les transports scolaires pour leurs enfants à l'intérieur des zones où nous sommes enfermés à l'intérieur même de la bande de Gaza. Les agriculteurs, malgré leurs bonnes récoltes, n'ont rien pu vendre : Il leur est donné 2 francs par 20 kilos de tomates. La situation n'est pas meilleure pour les commerçants qui ferment leur boutique avant la tombée de la nuit.

La troupe de musique "Dabka", elle, s'exerce et répète régulièrement depuis un mois pour participer au festival .

(N.D.L.R. : il s'agit d'une douzaine de jeunes de Al Qarara, tous d'origine bédouine qui essayent de reconstituer leur patrimoine culturel –danse et musique- Ils sont venus trois semaines à Bordeaux en 1999 pour animer les centres sociaux de la rive droite de la Garonne)

Mais il faut vous donner encore de tristes nouvelles : notre ami ABOU HOULI était en bord de route entre Deir Al Balah et Al Qarara. Trois balles mortelles ont été tirées sur lui et l'ont touché au ventre. Il a saigné jusqu'à ce que mort s'en suive. Il gardait ses moutons et lorsque ces derniers se sont éloignés, il a voulu les ramener. Ce fut fatal.

Oum MOHAMED, la mère de Mohamed, HALIMA, a un fils qui vit au Liban. Elle est très âgée et son modeste logement a été détruit ainsi que son mobilier. Les voisins lui ont bien donné un lit, une couverture et un camping gaz mais elle est sans électricité dans la zone sous contrôle du tank qui bombarde sans arrêt. Les journalistes ont du mal à arriver jusqu'à elle et tous ceux qui lui rendent visite pour la consoler sont accueillis par son regard fixe et insaisissable.

ABU SAMI et sa famille qui compte 9 personnes maintenant, veille toute la nuit pour observer les mouvements du tank. Il n'hésite pas à réveiller ses enfants dès qu'ils sent que le tank se rapproche de sa maison.

Votre ami,  Ibrahim

 

Patricia Smith, du HDIP (Health Development Information and Policy Institute) :

Témoignage de Alison Wier, San Francisco, actuellement en reportage dans la Bande de Gaza

Le 14 février, le Palestinian Monitor a visité l'hôpital Al Nasser de Khan Younis dans lequel 32 patients ont été hospitalisés suite à l'intoxication par le gaz. Beaucoup de ces patients souffrent de convulsions et de crises violentes. Certains patients sont inconscients et d'autres ont de grandes difficultés à respirer. Les médecins de ce service m'ont expliqué qu'ils n'avaient pu déterminer la nature du gaz inhalé par les malades et ne pouvaient de ce fait déterminer le traitement adéquat. Les médecins jusqu'à présent ont administré des sédatifs et des anti-inflammatoires et mis sous oxygène certains patients.

Une femme a décrit l'attaque du 12 février. Des bombes ont frappé les maisons et très vite une fumée épaisse et noire s'est répandue, cette fumée noire a laissé des traces sur sa peau et sur tout l'intérieur de la maison. La fumée est devenue orange (description confirmée par d'autres patients de l'hôpital Al Nasser); son bétail est mort immédiatement. Plus d'hommes que de femmes ont été atteints, car beaucoup de femmes et d'enfants ont déjà été placés dans des lieux à l'extérieur du camp jugés plus sûrs, à cause des attaques répétées des militaires israéliens sur ces zones. Le Ministère palestinien de la Santé a pu recueillir des échantillons des bombes ayant contenu le gaz, et diligente une enquête sur cette attaque.

 

Le rapport du P.C.H.R. pour la semaine du 15 au 21 Février fait état des  exactions qu'il serait trop long de résumer ici après ces deux témoignages. Je vous en donne quand même les points forts :

·         Le 18 Février à Khan Younis, les forces d'occupation ont utilisé un nouveau gaz encore plus virulent que celui utilisé le 12 Février qui avait touché 238 civils dont des femmes et des enfants. 27 d'entre eux sont toujours en traitement dans les deux hôpitaux de Khan Younis. Cette fois-ci 41 femmes et enfants ont suffoqué et ont été pris de spasmes et de convulsions.

·         MOHAMED EL HASSANAT, 19 ans est tué de plusieurs balles alors qu'il essayait de s'infiltrer dans la colonie de Kfar Darom, disent les soldats d'occupation.

·         12 blessés dont la plupart dans un état grave

·         le nivelage  des abords des routes s'est poursuivi tout au cours de la semaine et des renforts militaires importants ont encore été disposés le long des routes pour "assurer la sécurité des colons". Ce sont plus de 3 hectares de terres cultivées qui cette semaine encore sont rendues inutilisables.

·         Des douzaines de maisons ont été sévèrement endommagées dans le camp de réfugiés de Khan Younis et 4 tanks sont venus renforcer la protection des deux colonies voisines de Neve Dekalim et de Ganeï Tal

·         JEHAD ABU ATTAYA, 44 ans, médecin, est sérieusement blessé d'une balle dans la poitrine alors qu'il était à l'intérieur d'une ambulance en train de délivrer des soins à un blessé grave.

·         Les manifestations de jeunes se sont poursuivies toute la semaine aux lieux habituels : le passage réservé aux colons de Karni, les barrages de Netzarim et de Kfar Darom ainsi qu'à la frontière à Rafah et au passage de El Mawasi.. Aux jets de pierres ont répondu les tirs à balles réelles ou enrobées de caoutchouc.

·         Les journalistes sont également pris pour cible : RON WARTZER, photographe de presse U.S. pour le journal "Seattle Times" a été blessé par balles alors qu'il prenait des photos à Al Qarrara montrant le nivelage des abords de la route des colons qui mène au point de passage de Kissoufim . Le journaliste palestinien ABU SAMRA, qui l'accompagnait a également été touché.

·         Un bateau de pêche avec 5 hommes à bord rentrait à Khan Younis. Il est intercepté et les 5 hommes arrêtés

MOHAMED ABU HEMEIDA, 16 ans, roulait à vélo. Une jeep militaire qui passait par là, le prend en chasse , lui roule dessus et continue sa route. Des passants se chargent du blessé grave. …