Palestine
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Condensé
du rapport hebdomadaire
Pour la semaine du 1er au 7 décembre 2000
Issu
par le « Palestinian Center for Human Rights »
.Mohamed EL A’RJA, 12 ans, jouait près de chez lui près
de la frontière égyptienne à Rafah quand il fut
touché à la tête par la balle d’un soldat d’occupation. Il est
mort sur place à 14 h. 30.
.A Karni, le point de passage Est de la bande de Gaza, une
manifestation de jeunes a été dispersée par l’armée d’occupation faisant
un blessé grave par balle.
A Khan Younis les forces d’occupation se sont positionnées
autour du camp de réfugiés, munis de tanks équipés d’obus à gros calibre.
Trois maisons ont été prises pour cible. Elles abritaient des familles de Il,
8 & 14 personnes. Ces gens, paniqués se sont enfuis. 4 blessés graves-
.Dans l’après midi près du camp de Al Boreij, une
manifestation a été disloquée. Ismaïl EL ROUSS, 20 ans a été tué d’une
balle dans la tête.
Les forces d’occupation ont poursuivi leur travail de
« balayage » commencé le 29/11 sur le village de El Qarara. 21
parcelles de terres cultivées variant de 1.000 à 20.000 M2, pour une
superficie totale de 12 hectares, ont été passées au bulldozer accompagné de
tanks : serres, puits, réservoirs d’eau, pompes d’irrigation, oliviers,
amandiers, légumes de saison, une volière, deux bâtiments utilisés pour le
matériel agricole et la mise en cageots, ont disparu sous les chenilles des
engins.
Manifestation au point de passage Nord, EL JAFARAWI, 27
ans a été tué d’une balle alors qu’il n’était pas dans le défilé. Il
travaillait aux fondations d’une maison. Il est mort sa pelle à la main. .
A Al Sammoua, Suleiman AL RASSIS, 27 ans, est tué d’une
balle au coeur au cours d’une manifestation organisée par les villageois.
Le renforcement du matériel militaire et des troupes
d’occupation s’intensifie. Toutes les voies d’accès aux villes sont sous
le contrôle de l’occupant. Tanks et voitures blindées sont positionnés ne
laissant passer que de rares voitures après de longs contrôles. De fait, la
bande de Gaza est maintenant coupée en deux parties isolées l’une de
l’autre. L’armée n’autorise le passage entre le Nord et le Sud qu’à la
hauteur de Kfar Darom, par un chemin agricole entre 10 h. et 11h. et de 16 h. à
18 h. Les embouteillages sont indescriptibles sur ce chemin de terre. Plus de
7.000 personnes incluant femmes enfants et personnes âgées doivent faire 3
kilomètres à pied pour passer de Rafah à Khan Younis.
Les punitions collectives se poursuivent et la frontière
avec l’Egypte reste fermée sauf pour ceux qui veulent rentrer de l’étranger
dans la bande de Gaza. L’aéroport a été réouvert après 3 semaines de
fermeture dans des conditions telles qu’il n’est pratiquement pas utilisable
A Kami (point de passage Est) un jeune de 15 ans est grièvement
blessé d’une balle dans la poitrine. Depuis 24 heures les forces
d’occupation continuent de se renforcer mettant ainsi la population en état
de siège.
A 8 h. ce matin Abu HASSAN, 33 ans, essayait de traverser
la route principale avec ses enfants à Al Qarara qui est situé des deux côtés
de la route. Il a été touché par plusieurs balles-
Encore à Karni, les forces d’occupation viennent de
tirer sur une vingtaine d’enfants. Abu KUJEILA, 15 ans, a été blessé à la
poitrine et évacué à l’ hôpital dans un état critique. Le camp de réfugiés
de Khan Younis a été à nouveau l’objet de tirs d’obus et de roquettes.
Quatre habitants ont été blessés par des éclats. 12 tanks supplémentaires
sont venus renforcer le dispositif sur la route reliant Netzarim à Karni. Les
abords de cette route étant en cours de « balayage » la
surveillance en est facilitée. Les tanks tirent systématiquement « sur
tout ce qui bouge;
Le camp de réfugiés est à nouveau la cible des postes
militaires situés à 200 mètres autour du camp: des blessés par éclats
d'obus et 4 maisons sérieusement endommagées.
Nouvelle escalalade de la part de l'occupant qui vient de
condamner la route Nord -Sud à la hauteur de la colonie de Netzarim à la
sortie sud de Gaza ville. La bande de Gaza est maintenant tronçonnée en trois
parties depuis ce matin. Toutefois la route qui longe la mer est restée ouverte
et permet encore d'accéder à Gaza ville par l'Ouest. Ce matiR les tanks
encerclaient l'école élémentaire proche de Netzarim : 800 enfants sont privés
d'école.
Le "balayage" des terres se poursuit: à 22
heures ce sont les abords de la route Rafah -Gush Qatif; un hectare et demi
appartenant à 2 agriculteurs a été la proie des tanks et des bulldozers.
Serres, arroseurs automatiques, réseau d'irrigation ainsi que les cultures ont
été labourés. Toute la journée ce sont les abords de la route Gaza ville
-Netzarim et de la route Kami -Netzarim qui ont été laminés. Le tir à vue
sur tout ce qui bouge a empêché l'enquêteur du P.C.H.R. d'aller visiter les
familles sinistrées.
A 1 heure du matin poursuite du ratissage des abords de la
route menant au point de passage Sud, 11,4 hectares au total représentant 6
lopins familiaux principalement planté d'oliviers. Tous arrachés.
A 22 h. 30des tirs ont été dirigés sur le quartier Al
Amal de Khan Younis. Deux hommes de 25 et 28 ans ont été grièvement blessés
à l'intérieur de leurs maisons
Toute la journée le "balayage" s'est poursuivi
aux abords des deux routes mentionnées plus haut. Bilan : deux hectares rasés.
Citronniers" cyprès, serres ainsi que toutes les cultures ont été détruits.
La route Nord -Sud a été réouverte à la hauteur de
Kfar Darom mais toujours soumise à des embouteillages énormes. La frontière
égyptienne a été réouverte à une quarantaine de voyageurs mais le personnel
palestinien a été réduit de 220 à 7, l'occupant se chargeant des passages à
la frontière. L'aéroport a fonctionné de 9 h. à 16 h. mais son utilisation
est soumises à des conditions draconiennes: contrôle à la frontière égyptienne
par l'occupant. Déplacement jusqu'à l'aéroport en voiture escortée par des
tanks. Une partie de la clôture de l'aéroport a été démolie pour faciliter
l'entrée et la sortie des tanks.
De Jean Pierre G., le 5 Décembre par courriel : Avec la
coupure de la bande de Gaza depuis l’attentat contre ce qu’ils appellent le
« bus scolaire », la vie est désorganisée. Ils ouvrent la route
une ou deux fois par jour de façon volontairement imprévisible mais de toutes
façons ça ne permet pas aux gens d'aller travailler et de revenir. En plus ils
retardent l’ouverture sans prévenir ou bien ils raccourcissent toujours par
surprise, la durée de l'ouverture. Comme en plus certains soldats ont des
comportements très provocateurs et que parfois les gens se fâchent et menacent
de passer en force, il arrive qu’ils tirent. Comme la route est très étroite,
il faut aller se mettre dans la file d'attente au moins une heure à l’avance
car ils ne permettent pas aux véhicules de se croiser. Ils se contentent
d'organiser l’embouteillage et la lenteur. C'est alternativement que l’on
roule. Hier Marianne a fait l'essai avec sa voiture. Elle a mis 4 heures pour
aller de Gaza à Khan Younis : 1/2 h de Gaza à la file d'attente
+ 1h du carrefour jusqu'à Kan Younis et entre les deux 1h d'attente jusqu'à
l'heure d'ouverture + 1 h d'attente jusqu'à ce qu’ils ouvrent réellement + 1
h. pour le franchissement lui-même. Pour le retour elle a mis 3 h La solution
la plus « pratique » est d'aller en taxi jusqu'au bout de la file
d'attente, la remonter à pied franchir le barrage quand ils l'ouvrent et
remonter toujours à pied (ça fait des kilomètres...) la file qui attend de
l'autre côté. Quand on arrive enfin au bout on prend un autre taxi. ..
.Manifestation à Karni. Dispersion par l'occupant. Un
enfant reçoit une balle dans la tête. Il est en soins intensifs à l'hôpital
de Gaza et cela parce que deux ou trois jeunes jetaient des pierres à des
soldats distants de plus de cent mètres de la manifestation.
A 16 heures un groupe de jeunes et d'enfants sont rassemblés
dans leur quartier à Rafah. L'occupant dissémine le groupe. Un enfant prends
une balle dans la tête, il est transporté à l'hôpital dans un état
critique.
A 20 heures à la hauteur de Rafah, 4 bateaux de pêche
prennent la mer sur cette seule zone actuellement autorisée. Alors qu'ils étaient
en pêche 4 vedettes israéliennes ouvrent le feu sur l'un d'eux. Le pêcheur"
El NADA" 18 ans est blessé.. il est ramené à terre par ses collègues
pour le conduire à l'hôpital de Rafah. La route étant bloquée ils le portent
à pied et prennent une autre voiture de l'autre côté du barrage. L'artère fémorale
de la jambe droite ayant été sectionnée, il a perdu beaucoup de sang. son état
est critique.
.A 22 heures bombardement d'une banlieue de Rafah. Maisons
endommagées. Bombardement dans le camp de réfugiés de Khan Younis: le marché
et les maisons avoisinantes sont détruits.
.Poursuite du "balayage" aux abords de la route
menant à Kissoufim : 8 agriculteurs sont dépossédés d'un total de 15.8
hectares plantés en quasi totalité d'oliviers et poursuite du balayage
Netzarim -Kami où 5 agriculteurs sont dépossédés d'un total d'un hectare
planté d'oliviers.
.Les
riverains de la route Netzarim –Karni ont été réveillé à 1 h. du matin
par des bruits de tirs intensifs. Tanks ont ouvert le feu sur deux maisons qui
étaient construites sur une zone à « ratisser ».
.Le
camps de Khan Younis et Rafah ont également été l’objet de tirs de tanks
qui ont sérieusement endommagé plusieurs maisons.
Dania,
de Gaza :
« Je
voudrais vous faire partager cette nuit de bombardement que nous avons subie il
y a quelques jours. Quelle affreuse nuit ...Dalia, ma petite sœur en souffre
encore aujourd’hui. Elle se réveille en pleine nuit, effrayée. Cette nuit a
commencé à 18 heures pour se terminer à 22 heures. Quatre heures de peur.
Nous sommes descendus au rez-de-chaussée sous la cage d’escalier. L’électricité
a été coupée et le ciel était éclairé de la lumière des missiles que l'on
voyait passer, suivi du vacarme provoqué par leur chute. Les parois de la
maison en vibraient.. Mes petites sœurs criaient et étaient mortes de peur..
Nous ne pouvions qu’essayer de les calmer en leur disant qu’ici on ne
craignait rien. En fait je ne vous cache pas qu’à tout moment je me sentais
menacée de recevoir un missile sur la tête d’autant que notre maison n’est
pas loin de la station d’émission de télévision. Le lendemain matin je
m’attendais à trouver une ville détruite mais de fait, leurs tirs étaient
ciblés sur des objectifs précis: tous les locaux de l’autorité
palestinienne et ta maison de la télé.
L’occupant
faisait exprès de couper l’électricité et d’utiliser des missiles qui
font beaucoup de bruit dans le seul but d’effraye les enfants et les gens.
Voilà ce que nous avons vécu. Depuis cette nuit nous avons pris l’habitude
de nous coucher au son des mitrailleuses et des bombardements ciblés sur Al
Montar, un quartier stratégique non loin de chez nous. Depuis quelques jours
l’occupant a changé de tactique: il tend des embuscades dans les rues,
surtout là où les gens sont obligés de passer pour leurs déplacements
d’une ville à l’autre. Les soldats n’arrêtent pas de provoquer les gens
pour les exciter et trouver là une justification pour tuer en toute honnêteté.
Mais nous prions Dieu pour qu’il nous donne encore plus de courage pour résister.
Ibrahim
KHASHAN, de Al Qarara par fax : Chers amis et tout le Comité Palestine 33,
Nous
vous envoyons cette lettre au moment où AI Qarara vit dans des conditions très
difficiles comme nous vivons dans l’événement au jour le jour. Des
bulldozers emportent la terre de Al Qarara et chaque jour un de nous tombe en
martyr ou blessé ou encore une famille est obligée d’abandonner sa maison détruite:
23 maisons viennent d’être détruites. 4.000 oliviers et figuiers dont
certains que nous avons planté ensemble et des pieds de vigne ont été arrachés.
Nous vivons avec les explosions nuit et jour. J’écris ces lignes au son des détonations
et des explosions.
Mais,
les amis, notre moral est au plus haut et nous ne soumettrons pas, nous ne nous
avilirons jamais. Nous ne renoncerons pas à nos droits quelque soient les
sacrifices qu’il en coûtera.
Il
y a deux semaines le .frère de notre ami Id Azan AI SHABABA a été tué au
cours d’une attaque sur la ligne de Al Qarara. Nous l’avons célébré
pendant 3 jours. La bande de Gaza est divisée en deux avec Al Qarara au milieu
(Ligne illisible. ..) ...nous nous sommes réunis avec la troupe pour préparer
le voyage prochain. En toute vérité vous nous manquez ( littéralement : »nous
avons le désir de vous ») et nous remercions (une phrase qui finit
d’habitude par « Dieu ») que vous êtes toujours autour et avec
nous, de cela nous n’avons aucun doute. Nous vous saluons. Ibrahim »
SOURCES:
Palestinian Center for Human Rights (P.C.H.R.) de Gaza : http://www.pchrgaza.com
Fax et courriels d’amis sur place.
Dernière
minute: hier soir, le 11 Décembre à 21 h., communication téléphonique avec
Nader : » Je rentre à l’instant à Khan Younis après bien des contrôles
et des attentes aux barrages. Ça me fait plaisir dl entendre des voix amies. Je
suis heureux que vous ayez pu prendre contact avec AI Qarara. Pour des
informations concernant les travailleuses de la santé il faut prendre contact
avec Dania qui habite Gaza- ville. Pour moi il est impossible d’y aller bien
que je ne sois qu’à 30 kilomètres.