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Semaine du 21 au 29 Mars 2001.  Source : P.C.H.R.  "Palestinian Center for Human Rights" de Gaza

 

Tirs sur les civils     

·         Manifestation à Karni. 7 blessés par balles réelles. Parmi eux AHMED ABU JABAL, 11 ans, et SABER BAKER, 12 ans. Les 5 autres ont entre 13 et 19 ans. 2 parmi eux ont pris une balle dans l'abdomen, l'autre dans la poitrine.

·         A la frontière égyptienne une mission d'enquête menée par "Amnesty International" est accueillie par une bombe à haute intensité sonore. Cette mission comprenait entre autres le secrétaire général, PIERRE SNEIH et des représentants d'organisations des droits de l'homme dont le P.C.H.R.

·         A sud ouest de Rafah un groupe de manifestants est pris pour cible par un poste de contrôle israélien situé à un kilomètre de l'endroit où ils manifestent. MAJDI EL NATOUR, 33 ans, est sérieusement blessé par une balle qui lui est rentrée dans le dos et est ressortie par la poitrine. Il est évacué d'urgence à l'hôpital de Rafah

·         Manifestation à Karni. Pour la dissiper l'occupant utilise un gaz nouveau  qui produit des effets dont les symptômes sur les gazés diffèrent des gaz utilisés à Khan Younis les 12 Février et suivants. Les plus touchés sont EYAD ZAQOUT, 23 ans, RA'ED HASSAN, 30 ans, et RA'FAT EL MASRI, 25 ans qui ont été hospitalisés. Ils ont témoigné : il s'agit d'un gaz de couleur orange, d'une odeur agréable et qui a bon goût quand on l'inhale. On est immédiatement envahi d'une sensation de grande faiblesse généralisée. Les muscles se relâchent et l'on éprouve de grandes difficultés à respirer. Ce gaz provoque des plaques rouges sur la peau et quelques heures plus tard on éprouve de fortes douleurs abdominales.

En plus des gazés, HASSAN MANSOUR, 15 ans a pris une balle dans l'abdomen et deux autres ont été touchés aux jambes.

·         Manif organisée par les étudiants de l'école préparatoire à l'entrée à l'université. Le cortège se dirigeait vers Netzarim. Les troupes d'occupation ont ouvert le feu et lancé des gaz lacrymogènes. MAGDI ABU HAMDEH, blessé, a été transporté à l'hôpital

·         Manif de 300 personnes. Elle se rend de Rafa à la colonie de MORAG. A un moment donnée tout le monde s'assoit pour un "sit in" pendant une heure.  Excédé, l'occupant tire. ASHRAF MADHI, 13 ans, est touché. Il est conduit à l'hôpital.

·         Explosion dans le camp de réfugiés de Rafah. Les habitants se précipitent. Ils trouvent 4 enfants de 12 ans allongés, couverts de blessures. Il s'agit d'une sorte de grenade laissée là par l'occupant. Les 4 enfants se rendaient à l'école lorsqu'une femme âgée leur demande de rentrer sa bouteille de gaz. En la prenant ils découvrent une pièce de métal cylindrique. YAHIAA 'EID  la prend pour voir. Elle explose dans ses mains. On le retrouve l'abdomen et la poitrine déchiquetés et les intestins à l'air.

·         Netzarim. On entend des tirs. Des gens s'approchent. HUSSAM ALI AL'KRONZ, 23 ans, membre de la sécurité préventive de l'Autorité palestinienne, est mort de plusieurs balles dans la poitrine. Notre enquêteur n'a pas pu obtenir des précisions sur les raisons de ce meurtre.

·         250 élèves de l'école de Beit Hanoun se dirigent sur Eretz et lancent des pierres sur l'occupant de faction sur la route. Ce dernier tire. MAHMOUD ABU SHEHADEH , 16 ans, est tué sur le coup d'une balle dans la poitrine. 17 autres jeunes sont plus ou moins gravement touchés.

 

Bombardement des zones d'habitation

·         Banlieue ouest de Khan Younis. Des jeunes palestiniens armés s'affrontent pendant deux heures avec l'occupant  qui est en train de démolir des maisons. Ce dernier riposte uniquement préoccupé de sa propre protection. 4 personnes âgées de 14 à 30 ans sont blessées. Les façades de 3 immeubles sont criblés d'impacts d'obus, les carreaux sont cassés, des trous dans les murs, des fenêtres qui pendent ….

Dans la soirée, reprise des hostilités. Les tirs proviennent des colonies de Neve Dekalim et de Ganeï Tal.

Ces tirs croisés qui ont duré jusqu'à minuit ont fait de gros dégâts. 7 jeunes de 16 à 25 ans ont été plus ou moins grièvement blessés. Les maisons endommagées n'ont pas été comptées compte tenu de celles qui l'étaient déjà au cours des semaines précédentes. Aucune n'était habitée.

·         Al Nemsawi, banlieue de Khan Younis. L'occupant s'en prend aux habitations blessant plus ou moins gravement 4 civils dont AHMED EL BASHITI, 6 ans.  NAYFA ABU A'KER, 35 ans déclare :" je sortais de chez moi pour me rendre chez mon oncle qui habite près de la mosquée Al Shafi à 30 mètres de là où j'habite. Arrivée à 5 mètres de sa porte j'ai entendu des tirs dans ma direction. Il y a eu des explosions et je me retrouve ici en réanimation à l'hôpital …"

·         Sud est de Khan Younis. Secteur de Gizan Al Najjar. A 200 mètres au nord de la colonie de Morag. Des ouvriers agricoles travaillent dans une serre. Surgissent alors de la colonie deux tanks et un bulldozer qui commencent par arracher tous les tamaris qui délimitent le terrain de la famille AL NAJJAR. Puis l'occupant ouvre le feu sur la serre. Les ouvriers parviennent à s'enfuir. Dans leur progression les 2 tanks et le bulldozer endommagent sérieusement 7 maisons appartenant toutes à la famille AL NAJJAR. 5 d'entre elles étaient encore habitées. 42 personnes se sont retrouvées à ciel ouvert. Un des enfants, ABDEL RAHMAN AL NAJJAR, 11 ans est blessé et transporté à l'hôpital.

·         Intensification des tirs en provenance de Neve Dekalim où le peu d'habitants qui reste sur cette zone ouest de Khan Younis se voit obligé de fuir. 5 maisons encore habitées sont prises pour cible. Les 92 personnes qui y étaient réfugiées sont sans toit.

·         Les locaux de la "Force 17" (la police spéciale de ARAFAT) situés à proximité du camp de Jabalyia a été l'objet de tirs de rockets par hélicoptères. 3 policiers ont été blessés (22, 23 & 25 ans), les locaux sévèrement endommagés ainsi que les maisons avoisinantes, en particulier 5 d'entre elles qui abritaient  48 personnes. La mosquée A'ASHA , et le centre médical du ministère de la santé  ont également été touchés.

·         La même opération a été conduite contre la "force 17" à l'est de Khan Younis, endommageant les environs et en particulier une clinique de l'UNRWA et l'école élémentaire MA'N

·         A Al Qarara où la "force 17" a également subi de lourdes pertes en matériel, NOUR ABU ATTAB,24 ans, touché à la colonne vertébrale par des tirs d'hélicoptère, se retrouve handicapé à vie. 6 maisons ont été endommagées, 3 de la famille EL ABADLEH, celle de la famille TEMRASZ, le centre médical du ministère de la santé et la mosquée Al Salam.

·         Mêmes exactions sur Dei Al Balah où les bâtiments  de la "force 17"en bord de mer ont été détruits.

·         Toujours à l'ouest de Khan Younis, en provenance de Neve Dekalim, des tirs d'artillerie ont encore endommagé des maisons. 3 habitants ont été blessés. Les réfractaires qui ne voulaient pas quitter leur habitation ont été pris de force et amenés vers une destination non révélée.

·         ZIAD MEGDAD, 25 ans et son frère KHALIL, 20 ans sont dans leur canot pneumatique en train de pêcher. Un garde côtes israélien les arrête et les emprisonne pour avoir dépassé la limite de pêche fixée par l'occupant à 200 mètres du rivage. L'accord israélo palestinien d'Oslo établissait la zone de pêche à 35 Kms

 

Nivelage des terres agricoles

 

·         La partie boisée de Al Mawasi :  plus de 2 hectares sont rasés. Déjà un hectare avait été rasé l'année dernière pour y installer des serres… pour les colons.

·         Beit Hanoun : le 22 Mars le nivelage se poursuit. 25 petits propriétaires voient leurs citronniers arrachés sur 12 hectares. Dispositifs d'irrigation, petits hangars pour stocker le matériel et assurer le conditionnement, tout est passé au bulldozer.  Le 25 mars l'occupant est de retour sur les lieux. Il commence par tirer des obus dans tous les sens pour terrifier la population et l'obliger à quitter la zone. SAID ABU SALAH, 24 ans  : "j'étais avec ma famille sur mes 3.000 m2 plantés de citronniers. J'étais là avec mes frères et mes enfants. Nous faisions un "sit in" à proximité de ma maison construite sur mon terrain où nous vivons à 16. Des tanks ont fait irruption sur ma terre en tirant en l'air pour nous effrayer. Un hélicoptère et un petit avion de reconnaissance nous ont survolés. L'hélicoptère à lâché un petit fût à 150 mètres de chez nous. Ça a explosé en dégageant une fumée blanche. Mon père de 74 ans et ma mère de 65 ans qui fait de l'hystérie ont été conduits à l'hôpital de shifa à Gaza. Un tank a alors démoli ma maison et toute ma plantation a été arrachée. Je m'étais mis en travers du bulldozer mais j'ai été renversé par un citronnier qui lui même était déraciné par le bulldozer. Ça a duré 90 minutes. Dans la journée ils ont détruit 5 propriétés pour une surface totale de plus de 6 hectares."

·         Passage de Sufa (sud est de la bande de Gaza) : plus de 6 hectares sont rasés. Blé et oliviers. Ils représentaient le revenu familial de 13 familles.

·         3ème journée de nivelage à Beit Hanoun du côté frontière avec Israël. 5 lopins de terre plantés d'oliviers et de citronniers sont mis à plat.

·         Des masses d'eau se sont échappées d'une immense réserve qui collecte les eaux usées des colonies du sud ouest de la bande de Gaza. Le barrage aurait cédé  sous la pression des millions de M3 stockés là. 3 millions se sont engouffrés par la brèche sur les terres  palestiniennes en contre bas. 97 hectares ont été inondés. Ces terres appartiennent à 64 agriculteurs et éleveurs. Les principales cultures étaient le blé, le pois chiche et les légumes de saison

Par ailleurs 31.000 poulets répartis sur 5 poulaillers sont morts noyés. Un silo à grains de 5 tonnes s'est effondré. 200 distributeurs d'aliments et autant d'eau pour les poulets ont été saccagés.  30.000 œufs prêts à l'exportation ont été enlevés par le courant. 2 tonnes d'aliment pour la volaille ont été détruits.

200 ruches  et 2 tonnes de sucre ont également été dévastés par les eaux. Une enquête devrait dire si la rupture de la réserve d'eaux usées a été provoquée ou si elle est vraiment accidentelle. Par ailleurs une analyse des eaux usées est en cours pour en déterminer la nocivité.