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   CARREFOUR DES MARTYRS (bande de Gaza), 4 mai 2001

                         "Association des Palestiniens en France"   (A.P.F.)

Les Palestiniens accusent Israël d'empiéter sur les territoires sous leur contrôle dans la bande de Gaza, un grignotage qui a commencé bien avant la réoccupation pendant 24 heures d'une zone autonome, sévèrement critiquée par les Etats-Unis.

L'Etat juif interdit aux Palestiniens l'accès à près d'un tiers de la bande de Gaza, théoriquement sous contrôle de l'Autorité palestinienne, affirme le colonel Saëb al-Ajez, le chef de la sécurité publique dans le nord de ce territoire.

"L'occupation revêt différentes formes", souligne le colonel Ajez. "Dans ce cas, Israël contrôle la zone par la menace du feu", explique-t-il.

Selon lui, depuis l'Intifada palestinienne qui a éclaté le 28 septembre, l'armée israélienne a réoccupé près de 100 km2 de cet étroit territoire de 360 km2, coincé entre la Méditerranée et le désert israélien du Néguev.

Cette zone, grignotée sur les 85% de la bande de Gaza sous contrôle total palestinien, s'ajoute aux colonies juives fortifiées s'étendant sur près de 60 km2.

"L'objectif est clairement de réoccuper ces zones d'une façon telle que l'opinion internationale n'y voie que du feu", soutient le colonel Ajez.

L'armée s'était retirée le 17 avril, sous les sommations américaines de mettre fin à son opération "excessive et disproportionnée", d'une portion du nord de la bande de Gaza qu'elle avait réoccupée la veille, pour la première fois depuis la mise en place d'un régime d'autonomie sur ce territoire en 1994.

Les propriétaires de lopins estiment qu'Israël peut ainsi prendre possession de leurs terres sans avoir à y déployer chars et soldats.

"Nous sommes sous occupation", affirme Mohammad Wahidi, propriétaire d'une orangeraie au " carrefour des Martyrs," sur la route qui mène à la colonie de Netzarim  et qui coupe la principale artère parcourant la bande de Gaza du nord au sud.

"La terre à partir de Netzarim est inutile. On ne peut pas la travailler car les Israéliens nous tireraient dessus", explique-t-il.

L'armée israélienne pour sa part rejette totalement ces accusations.

"Il y a un conflit mais nous n'avons pas modifié le

 

 partage territorial", a déclaré un porte-parole militaire.

Outre des tirs quotidiens et des raids nocturnes au cours desquels les chars démolissent des postes de sécurité, rasent habitations et exploitations agricoles, les troupes israéliennes ont également occupé des maisons palestiniennes, se postant sur au moins trois terrasses autour de Netzarim.

"Ma vie est un enfer", affirme Mohammad Abou Dahrouj, un fonctionnaire qui partage désormais sa cage d'escalier avec de jeunes soldats israéliens vivant sur son toit depuis janvier.

Sa maison est située dans une large portion de terre transformée par Israël en zone tampon le long de la route qui relie Netzarim à Karni, point de passage avec Israël.

"Que croyez-vous que mes enfants éprouvent lorsqu'ils entendent leurs tirs la nuit?", dit-il, son fils de deux ans, Rami, en larmes, sur les genoux.

En vertu des accords d'autonomie, Israël a le pouvoir de "mener des activités sécuritaires indépendantes" le long des routes utilisées par les colons, mais les Palestiniens accusent l'Etat juif de largement déborder au-delà, démolissant des postes de sécurité.

Les responsables de la sécurité palestiniens soutiennent que l'armée s'est également déployée dans des zones tampons le long des frontières avec Israël.

Ces secteurs incluent 21 km2 le long de la frontière nord et une bande d'un km le long des 42 km2 de la frontière orientale, selon eux.

"Les Israéliens nous ont informés il y a environ deux mois qu'ils imposeraient une zone d'exclusion de 200 mètres de large à la frontière orientale, mais en fait cette zone équivaut à la portée de leurs balles, soit plus d'un kilomètre", affirme le chef du comité de liaison israélo-palestinien pour le sud de la bande de Gaza, le général Khaled Abou Oula.

Aux termes des accords, les Palestiniens devaient coordonner avec Israël leurs activités le long des frontières, mais depuis l'Intifada, ils ne peuvent même plus travailler librement leurs terres.

"C'est comme le front entre la France et l'Allemagne durant la Deuxième Guerre mondiale", dit M. Wahidi, le propriétaire de l'orangeraie, ajoutant: "Celui qui va là-bas est sûr de mourir".

 

Site à consulter pour avoir des témoignages sur la bande de Gaza : www.solidarité-palestine.org

La page des témoignages est :   http://www.solidarite-palestine.org/doc052c.htlm