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Condensé du rapport hebdomadaire  pour la semaine du 5 au 11 Juillet 2001

Issu par le "Palestinian Center for Human Rights"  (PCHR)

 

Tirs sur les civils

·         Vendredi 6. Des douzaines d'enfants manifestent à l'est de Gaza ville. Les forces d'occupation sont en position à l' accès à la route des colons qui mène au poste frontière de Karni. Ils ouvrent le feu. MOHAMMED EL HATTAB, et MADHI MADHI, âgés tous 2 de 13 ans prennent des balles dans la cuisse et aux jambes.

·         Samedi dans la soirée. Des enfants jouent à proximité de leurs habitations situées en bordure de la frontière avec l'Egypte au sud de Rafah. Jugés trop proches de la frontière par les soldats de veille dans le mirador, ces derniers tirent. Ils sont à 1.000 mètres.  Un des jeunes a déclaré à l'enquêteur du PCHR :"Il était 20 heures. Je jouais avec mes copains. Quelques uns parlaient avec des soldats égyptiens juste de l'autre côté de la frontière. D'autres jouaient avec des cerf-volants. Un des cerf-volants tombe en zone égyptienne. Je m'approche un peu plus de la frontière et je parle avec un soldat égyptien. Soudain du haut du mirador l'occupant ouvre le feu. KHALIL EL MUGHRABI, 11 ans, prend une balle dans la tête. Il meurt 15 minutes plus tard. Quant à IBRAHIM ABU SOUSEIN, 10 ans et à SULEIMAN ABU RIJAL, 13 ans, le 1er est touché à l'abdomen il est dans un état critique ; le 2ème aux parties génitales.

·         Dimanche 8 : les soldats d'occupation sont stationnés au sud de Rafah à la frontière égyptienne. MAHMOUD EL HINDI, 17 ans, allait rendre visite à un voisin dont la maison est située à quelques mètres de la frontière. Il est jugé trop proche de celle-ci. Il prend des balles dans les jambes et aux pieds.

·         Lundi 9, même lieu, au bloc "O" du camp de réfugiés. Des enfants jouent à 100 mètres de la frontière. Les soldats de veille trouvent la distance trop courte. Depuis le mirador MOHAMMED EL S'OUD, 11 ans, sourd muet, est touché aux jambes. L'occupant tire systématiquement sur tout ce qui bouge à l'intérieur de cette zone. S'il n'y a personne, les soldats de garde s'en prennent aux oiseaux ou aux citernes d'eau placées sur les terrasses des maison, qu'ils transforment en passoire.

·         3 enfants sont blessés par l'explosion d'un engin suspect laissé à vue par l'occupant au sud de Rafah. MAHMOUD ABU LEBDA, 10 ans et ses 2 cousins, MAHMOUD ET AHMED âgés de 12 et 10 ans sont blessés de toutes parts. Fracture de la mâchoire, du tibia, de l'épaule, pénétration d'éclats dans le corps. Le piège tendu qui a éveillé la curiosité des 3 enfants les a conduit tous les 3 à l'hôpital dans un état sérieux.

 

Démolition des zones d'habitation

·         Lundi en pleine nuit, les forces d'occupation font mouvement sur le sud de Rafah ville, à la frontière égyptienne avec 11 tanks et 4 bulldozers. Ils pénètrent de 200 mètres à l' intérieur du camp de réfugiés au bloc "O". En 4 heures de temps ils démolissent systématiquement 18 maisons les réduisant à des tas de pierres, mettant ainsi à la rue 31 familles pour un total de 200 personnes. Dans cette opération  6 d' entre elles ont été plus ou moins sérieusement touchées et conduites à l'hôpital Al Najjar de Rafah, l'un à la poitrine, les autres aux bras et aux jambes. Paniquées par la soudaineté de l'intervention, personne n'a pu sauver quoi que ce soit à l'intérieur de sa demeure.  11 autres maisons ont été partiellement touchées.

·         A la frontière Est de Beit Hanoun, c'est quasiment chaque jour en fin d'après midi que l'occupant ouvre le feu sur les fermes palestiniennes du secteur. L'enquêteur du PCHR rapporte que les agriculteurs sont obligés de se protéger derrière des sacs de sable qu'ils disposent sur leurs lieux de travail. L'occupant utilise également des bombes à haute intensité sonore pour affoler la population.

·         Colonie de Dogit au nord ouest de la bande de Gaza. Des terres agricoles ont récemment été annexées. Les 160 palestiniens qui habitent ce secteur y sont prisonniers. MAHMOUD MA'ROUF, 45 ans, est touché alors qu'il travaillait sa terre, par des balles tirées du poste militaire situé à 1.000 mètres de là. Touché en maints endroits du corps .

·         Colonie de Neve Dekalim à l'ouest de Khan Younis : ce qui reste des maisons encore debout et du cimetière sont à nouveau la cible de l'occupant. Les murs de la mosquée sont détruits en plusieurs endroits.

·         Le lendemain, au même endroit, même saccage, avec en plus, 3 blessés âgés de 14 et 17 ans.

·         Pour le 3ème jour consécutif, à 02h., mêmes tirs en provenance cette fois-ci de la colonie de GanaÏTal située à quelques centaines de mètres au nord de Neve Dekalim. N'ayant pas entendu les tirs, HUSSEIN GHALI, 26 ans, et BAHJAT HAMMOUDA, 24 ans, sont blessés à l'intérieur de leurs maisons. Ils ont réussi à s'en extraire.

Nivelage des terres agricoles

·         Le samedi 7 à 23h. au nord de la colonie de Netzarim, les bulldozers rasent 3 hectares  de terres agricoles plantées de vigne, de figuiers et de grenadiers. Ces terres assuraient le revenu des famille BADAWI et EL ZA'BOUT.

Autres exactions

·         MOHAMMED DOULA, 31 ans avait accompagné sa femme, malade, en Egypte pour un traitement. A leur retour MOHAMMED est arrêté à la frontière. Sa femme doit continuer seule, sa route.

A nouveau le P.C.H.R. lance un appel pressant à la Communauté internationale pour :

1.       assurer dans l'immédiat la protection de la population civile

2.       s'assurer que le Comité International de la Croix Rouge "C.I.C.R.) intensifie ses activités et élargit son champ d'observation sur les territoires occupés.

3.       Prendre les mesures nécessaires pour la convocation des parties contractantes de la 4ème convention de Genève afin que des mesures efficaces soient prises pour la protection des civils.

4.       Traduire en justice devant des juridictions internationales ceux suspectés d'avoir commis des crimes de guerre.

5.       S'assurer que l'Union Européenne (U.E.) procède à l'application de l'article 2 de l' accord d'association avec Israël conditionnant les avantages consentis à ce dernier au fait qu'il respecte les droits de l'homme.

6.       Faire en sorte qu'un membre de la commission des droits de l'homme de l'O.N.U. se rende sur place et que la résolution votée par cette commission en Avril 2001 soit appliquée.

7.       Envoyer une assistance médicale et humanitaire auprès du Peuple palestinien dont les conditions de vie ne cessent de se détériorer à cause du siège permanent imposé par Israël

 

A celles et ceux qui regrettent que ces compte rendus du PCHR. ne se bornent qu'à faire l'inventaire des exactions de l'occupant, je recopie ici un passage de l'article de DENIS SIEFFER dans "Politis" du 28/06/01 page 32. Il s'agit du voyage en Palestine de la "Mission Civile Internationale de Protection du Peuple Palestinien" effectué du 16 au 23 Juin; auquel participaient DENIS SIEFFER, lui-même, JOSE BOVE de la confédération paysanne, JEAN CLAUDE AMARA de "Droit devant" de EVELYNE SIRE-MARIN du syndicat de la magistrature ….

"… Mardi 19 Juin. 20 heures. Rencontre et dîner au Centre Palestinien des Droits de l'Homme à Gaza ville. Il y a là HAIDAR ABDUL SHAFI ….  L'autre personnalité marquante de cette rencontre nocturne est RADJI SOURANI., directeur du Centre, qui nous accueille. Il dénonce la conspiration du silence, plaide avec ferveur pour une force de protection internationale. Il juge sans indulgence une diplomatie française et européenne impuissante. L'homme a des gestes vifs et un style direct qui tranchent avec la tradition oratoire arabe. Il sait répondre par oui ou par non. Il s'irrite quand on lui demande ce qu'il attend de l'Europe :"Tout le monde le sait mais ils ne font rien". La réunion est l'occasion pour BOVE, AMARA ET SIRE-MARIN de développer leur analyse :"rien ne se fera sans la pression de la société civile, c'est pourquoi nous sommes là ….Nous situons ce conflit dans la bataille contre la globalisation…. Sentinelle avancée de la globalisation libérale, Israël mène sa guerre coloniale contre les Palestiniens…" L'analyse est solidement charpentée. RADJI SOURANI applaudit …"