FORUM SOCIAL EUROPEEN du 13 AU 16 novembre 2003

	Liste des séminaires et plénière sur la Palestine auxquels nous avons assisté :

SEMINAIRES

	 « Pourquoi une force de protection du peuple 
palestinien, devant la nouvelle offensive colonialiste israélienne ? »
Organisé par : CCIPPP (FR), AFPSD (FR), LDH (Fr)
Intervenants : Nahla Chahal (CCIPPP), Yasser Akkawi (Alternative Information Center), 
Bahia Amra (Pingo), Paul Nicholson (Coordination européenne Via Campesina), 
Raji Sourani (Palestinian Committee for Human Rights), Yehudit Harel (ex-Gush Shalom).
	 « La lutte pour la paix et la justice dans les sociétés civiles israélienne et
 palestinienne. »
Organisé par : la LDH (Fr), AFPS (Fr), CCIPPP (Fr), FIDH (Fr), Plateforme des ONG 
françaises pour la Palestine (Fr), CEDETIM (Fr), Service civil international (It)
Intervenants : Mustapha Barghouti, (Azmi Bishara), Rana Nashashibi, Jeff Halper,
 Khalida Jarrar, (Jessica Montell), Tamir Sorek, Raji Sourani, Peretz Kidron, (Alain Gresh). 
Modérateurs : François Della Sudda et Fabienne Messica
 	« Face à l’occupation et aux murs de l’annexion, urgence du respect
 du droit - la responsabilité de l’Europe. »
Organisé par : AFPS (Fr), LDH (Fr), CCIPPP (Fr), Plateforme des ONG françaises pour
 la Palestine (Fr), Association belgo-palestinienne (Bel), Action for Peace (It), MPDL (Esp)
Intervenants : Abu Azzam, Ygal Bronner, Henar Corbi, (Jeff Halper), Ruth El Raz, 
Allam Jarrar, Alessandra Mecozzi, Abdel Rahman Tamimi. 
Modérateurs : Isabelle Avran, Nadia Farkh.
 	« Campagnes et mouvements de solidarité avec la Palestine en Europe :
 rôle, significations et difficultés.»
Organisé par : MIB (Fr), Palestine solidarity campaign (GB), UJFP (Fr),
 Collectif des musulmans de France (Fr, Bel, S), Just Peace (GB), CCIPPP (Fr)
Intervenants : Daniel Bensaïd, Youssef Bousmah, Nick Dearden, Tarek Kawtari, 
Yamin Makri, Omeyya Seddik, Michèle Sibony, Dominique Vidal, Michel Warschawski.


Plénière :

«  Pour les droits nationaux du peuple palestinien, pour une paix juste basée sur le droit international. Responsabilité de l’Europe. »
Organisée par : l’AFPS, la CCIPPP, la LDH et la Plateforme  des ONG françaises
 pour la Palestine, l’UJFP.
Intervenants : Fadwa Barghouti (Association de défense de Marwan Barghouti et des
 prisonniers palestiniens-Pal.), (Azmi Bishara) (Rassemblement national démocratique-Pal.),
 Yehudith Harel (Gush Shalom-Isr.), Dalal Salameh (Conseil législatif palestinien-Pal.),
 Michèle Sibony (Plateforme des ONG françaises pour la Palestine – UJFP -Fr.), 
Tamir Sorek (Yesh Gvul-Isr.), Raji Sourani (Palestinian center for human rights-Pal.),
 Michel Warschawski (Alternative information center-Isr.), Peretz Kidron (Yesh Gvul)
Modérateurs : Luisa Morgantini (Femmes en noir-It.) – Michel Tubiana (LDH-Fr.).
N.B. Nous avons volontairement laissé les noms de tous les intervenants annoncés et
 invités par le FSE. Vous ne retrouverez pas dans la synthèse ci-dessous l’expression 
de tous et toutes ; une partie de la délégation palestinienne s’est vue refuser
 l’autorisation de voyager par les autorités israéliennes.
Synthèse des interventions :
Yasser AKKAWI, Palestinien, Alternative Information Center de Jerusalem
Manque de stratégie pour lutter ensemble contre l'Occupation. La plus grande part
 du travail est de type réactif. Il faut une stratégie pour la fin de l'Occupation, pas 
seulement contre le Mur. Il faut se baser uniquement sur les Droits de Palestiniens. 
Si les accords proposés ne les respectent pas, il ne faut même pas les considérer. 
Cela ne sert à rein d'écrire des centaines d'articles là-dessus. L'Europe est très importante
 car elle donne le sentiment que les Palestiniens ne sont pas seuls.
De quelle force de protection internationale a-t-on besoin ?
La force de protection européenne temporaire à Hébron est une bonne chose, mais insuffisante.
 Pas la peine de venir en Palestine pour créer quelque chose de nouveau. Selon le rapport
 Ziegler, la Palestine est au bord de la catastrophe humanitaire, au bord de la famine. 
Il faut envoyer une véritable force de protection capable de stopper les exactions de 
l’armée israélienne.
Bahia AMRA, palestinienne, plate-forme des ONG palestiniennes PINGO
Pourquoi faire venir les internationaux en Palestine ? Pour être témoin, être un soutien
 dans la lutte. Depuis la deuxième Intifada, des milliers d’internationaux sont venus.
 Il faudrait arriver à ce qu’ils aillent directement en Palestine, sans être obligés 
de passer par Israël. Leur aide pour l’agriculture est très importante.
Fadwa BARGHOUTI, palestinienne, fondatrice de l’Association de Défense de
 Marwan Barghouti et des prisonniers palestiniens. Le sujet des prisonniers est un 
problème politique, pas seulement humain. Prétention d'Israël d'être la seule démocratie 
au Proche Orient, mais c'est le seul état qui autorise l'utilisation de la Torture par
la Cour Suprême (ce qui n'est pas le cas dans les autres pays. 1600 prisonniers palestiniens
 détenus administratifs, sans motif d'arrestation, sur suspicion. Survivance des règles
 du Mandat Britannique. Loi considérée comme abusive par les sionistes à l'époque. 
Arrestation des mineurs, plus de 450 < 18 ans, garçons et filles à partir de 12ans ;
 les ordres militaires qui autorisent leur arrestation. Violation des lois internationales.
 Marwan BARGHOUTI est en prison depuis 19 mois, et cela fait des mois que nous n’avons
 plus de nouvelles de lui. Il a été emprisonné bien que n’ayant commis aucun délit.
 Il faisait simplement partie d’un mouvement politique important dans la population 
palestinienne. Il faut faire pression sur les médias, sur les gouvernements. Campagne pour
 libérer Marwan Barghouti.
Mustapha BARGHOUTI, Palestinien, directeur du PARC, Palestinian Agricultural Relief 
Committee.
Ce n’est pas un conflit entre deux armées, et Israël n’est pas la victime. 
La situation actuelle est bien plus dangereuse que celle de 1948. La deuxième Intifida 
n'est pas une bataille pour une revanche, c'est une bataille pour l'avenir de deux peuples.
Qalqilya, c’est Varsovie.
Tout est résistance dans la vie des Palestiniens.
Nous avons besoins de démocratie, et le droit d’avoir un Parlement élu ;
 de l’égalité des droits pour la souveraineté, la liberté et la dignité de notre peuple.
Nous avons également besoin des missions et de votre présence en Palestine, nous demandons
 la solidarité internationale. Venez en Palestine, participez aux actions contre le mur, 
faites de cette année l’année de la solidarité avec la Palestine.
Ne vous laissez pas distraire de la réalité du terrain par la Feuille de Route ou les
 Accords de Genève. Oui, parce que maintenant, après Madrid, c’est Genève. On va 
faire toutes les capitales européennes avant d’arriver à un véritable accord. 
Très préoccupé. Il détourne l'attention de la réalité. Cela risque de créer une nouvelle
 division dans le mouvement de libération de la Palestine.
Quand nous avons eu connaissance du sondage européen par lequel 59% des européens indiquent
 qu’à leur avis, Israël représente une menace pour la paix dans le monde, nous 
n’avons pas été surpris. J’étais aux Etats-Unis la semaine dernière. Quand on 
explique clairement la situation aux Américains, ils réagissent comme vous.
Les Juifs ont certainement beaucoup souffert pendant la 2ème guerre mondiale, mais pas à 
cause de nous. Et maintenant, comme l’écrivait Edward Saïd, nous sommes devenus les 
victimes de la victime.
Le Mur est le développement ultime de l'Occupation : 3500 km de murs et de barrières en 
Palestine, alors que la longueur des frontières entre Israël et la Palestine est seulement
 de 200 km. Cela représente la distance entre la Suisse et Israël. Ce n'est pas une question
 de sécurité. Il sert à créer un système d'apartheid, de ghetto. Il conduit à la destruction
 du potentiel palestinien. Il vise à imposer le contrôle d'Israël sur l'ensemble.
Deuxième Intifada, pas seulement les morts et les blessés, 600 000 personnes sont enclavées.
 Israël est en train de créer une nouvelle vague de réfugiés. Il faut parler d'épuration 
ethnique.
L'Intifada n'a pas commencé pour revenir à la situation de septembre 2000. Ce n'est pas une
 bataille pour des négociations. C'est une bataille pour les droits nationaux, une lutte de 
libération nationale. Lutte pour la liberté, contre l'apartheid, de pouvoir entre la 4ème 
armée du Monde et un peuple beaucoup plus faible.
Certains palestiniens considèrent qu'il faut négocier jusqu'à la mort. La réalité palestinienne, 
c'est la démographie, le souvenir, la force de la lutte. Israël quittera les territoires occupés 
quand le coût de l'occupation sera supérieur au coût du retrait. Il faut faire en sorte que 
ce coût s'élève. La démographie a beaucoup augmenté en Palestine au cours des 20 dernières
 années, notamment grâce au travail des ONG qui ont fait baisser le taux de mortalité 
infantile 120 à 20/1000. Il faut isoler Israël tant qu'il y  aura l'Occupation. Faire monter
 le prix, briser la stratégie de Sharon.
La paix doit être basée sur l'égalité à 100%. Il faut une souveraineté complète, un état
 complètement indépendant.
3 préalables avant des accords : des élections et l'établissement d'une démocratie, la 
présence internationale sur le terrain pour rééquilibrer les forces, des négociations basées
 sur l'égalité complète entre les deux parties.
Il faut construire un mouvement international solide pour soutenir le peuple palestinien et 
la dignité morale de ce peuple.
Il faut deux Etats car pour l'instant trop d'inégalités entre les deux peuples. Ensuite on 
verra.
Youssef BOUSMAH, français, Campagne Civile Internationale de Protection du Peuple
 Palestinien
Dans le cadre des missions civiles, c’est en Palestine qu’on peut appréhender
 le mieux la forte cohésion européenne vis-à-vis du soutien aux Palestiniens. La France a
 eu un rôle fondamental lors de la création d’Israël, sur le plan politico-juridique,
 mais aussi sur le plan idéologique. Nous vivons aujourd’hui sur un substrat colonial
 et la question coloniale est fondamentale dans le soutien accordé par la France à la création
 de l’Etat d’Israël (cf. soutiens actifs de certains intellectuels, comme Sartre ou
 Camus). Au même moment, la question arabe était traitée avec mépris et n’a jamais été 
résolue. Les Palestiniens n’ont commencé à être remarqués et appréciés que lorsqu’ils
 ont fait ce que nous considérions comme un pas en avant en renonçant à une partie de leur
 patrie, il a fallu qu’une partie du peuple palestinien fuit pour qu’il devienne
 visible et acceptable.
Le conflit israélo-palestinien est un conflit colonial : dans les années 40-50, 
il fallait casser la résistance arabe en Palestine pour mieux dominer les arabes du Maghreb. 
On ne peut pas ignorer cette réalité, on ne peut pas nier la non-existence de la Palestine 
dans les manuels scolaires et la manipulation idéologique actuelle qui renvoie toujours ce 
conflit à la religion, à l’Islam, est inacceptable.
Jusqu’à présent, le soutien au peuple palestinien n’a été que très peu
 communautaire, mais au contraire multiple et varié. C’est ce qui dérange Israël
 et certains juifs, qui veulent à tout prix que cela le devienne, sur le plan national
 et international. Ceci dit, les Palestiniens ne sont pas que des victimes : leur 
lutte est bien plus forte qu’on peut le penser. Cette lutte a une dimension universelle
 et soulève des questions fondamentales, relatives notamment aux Droits de l’Homme.
Nahla CHAHAL, libanaise, Campagne Civile Internationale de Protection du Peuple
 Palestinien, France
Elle établit un rapide historique, met en avant que les incursions colonialistes 
en Palestine ont court depuis 1948 et que Sharon ne fait que terminer le travail commencé
 depuis 1948. Le mur qu’Israël construit aujourd’hui n’est pas seulement 
une entrave à la vie des Palestiniens, il est avant tout un outil colonialiste, il est mobile,
 il coupe les Palestiniens les uns des autres ; ceux-ci deviennent une « population
 en trop » qu’on étrangle et qu’on pousse au départ.
Le 21 octobre dernier, vote d’une résolution par le Parlement Européen pour
 l’envoi d’une force de protection en Palestine. En avril 2002, il avait voté 
la suspension des accords d’association Union Européenne - Israël. Ces démarches
 constituent déjà un pas énorme, qui suppose que les députés européens aient dépassé
 les préoccupations politico-nationnalistes personnelles.
En France, sont déjà parties 75 missions, soit 1.300 citoyens. Il faut continuer.
Internationalisation à tous les niveaux, pas seulement à la base. La question palestinienne
 doit être portée par tous au niveau international, citoyens, ministres.
Ruth ELBAZ, israélienne, ICAHD, association israélienne qui travaille à la reconstruction 
des maisons palestiniennes.
« Back to the greenline and return to ourselves » (“en arrière jusqu’à 
la ligne verte et de retour à nous-mêmes »).
Jeff HALPER, israélien, fondateur de l’ICAHD, association israélienne qui
 travaille à la reconstruction des maisons palestiniennes.
« Si une solution intervient, elle viendra de vous et de nous, pas des gouvernements.
 On entend sans arrêt : « Les deux côtés devront faire des concessions, les deux
 côtés ceci, les deux côtés cela… ». Mais ne vous y trompez pas : du point de 
vue israélien, il n’y a qu’un seul côté, celui des juifs. Du point de vue israélien,
 il n’y a pas de conflit, ce qui permet de nier la résistance palestinienne. Il y a une
 asymétrie de base, dans laquelle les Palestiniens sont des objets. A Oslo, il n’y a pas
 eu de négociations. Israël a refusé le droit à l'autodétermination du peuple palestinien.
 Les Israéliens se voient comme des victimes, bien que ce soit la 4ème armée du Monde et
 possède l'arme nucléaire, ce qui leur enlève toute responsabilité. Autorisation sans limite 
de l'utilisation de la force. Si vous conjuguez le fait d’être victime avec celui d’
avoir la 4ème armée du monde, alors vous comprenez la férocité avec laquelle la 2ème Intifada
 a été combattue. Le gouvernement israélien n'accepte rien tant que les Palestiniens n'auront
 pas admis que les Israéliens ont tous les droits sur cette terre. 
Antisémitisme, victimologie cynique. Israël a inventé une nouvelle forme d'antisémitisme.
 Toute critique d'Israël est de l'antisémitisme.
L’Etat d’Israël ne veut pas la paix, il veut qu’on lui fiche la paix.
 La société civile israélienne ne veut pas la paix. Il n’a aucun désir de s’insérer
 au Moyen-Orient, mais à l’Europe. Se voit comme le Singapour du Proche Orient. La société
 civile veut le Mur (à 70%), pas l'Occupation.
Une paix juste n’arrivera pas d’Israël, mais de l’opinion internationale.
 Notre conflit est signifiant pour le monde entier. Si l'occupation qui a lieu en pleine
 lumière en Israël gagne, c'est un pas en arrière pour le Monde entier. 
La société civile palestinienne en Israël a été complètement mise sur la touche. Ne pas parler
 de la gauche en Israël au sens où on l’entend en Europe. Parlons plutôt de l'extrême
 gauche, ceux qui envisagent une vision alternative au sionisme. Même dans ces groupes,
 certains sont sionistes.
Si l’occupation s’arrêtait demain, les problèmes palestiniens d’eau, des
 réfugiés, de la sécurité ne s’arrêteraient pas aussitôt. C’est un problème global
 du Moyen-Orient. La solution doit être régionale. Les Palestiniens devraient aider les 
Israéliens de l'extrême gauche à avoir des contacts dans les autres pays de la région pour
 faire bouger les choses. 
Au niveau international, il faut élever le niveau de notre action. Il faut recadrer le combat. 
Ces dernières années, Israël a très bien réussi à recadrer le combat sur le terrorisme, 
la sécurité, la victimisation. Il faut parler de colonisation pour montrer que les actions
 du gouvernement israélien ne sont pas une réaction, mais une politique active de nettoyage
 du pays selon l'idéologie sioniste d'un seul pays de la Méditerranée au Jourdain.
Le problème des réfugiés : les Palestiniens sont le seul peuple au Monde qui n'a pas encore
 reçu son pays de la part des colonisateurs.
Yehudith HAREL, israélienne (ex. militante dans l’association pacifiste Gush Shalom)
Depuis le début de la deuxième Intifada, les Palestiniens sont victimes d’une 
terrible brutalité de la part de l’armée israélienne : plus de 3000 personnes tuées,
 environ 40000 blessés. En tant que juive israélienne, a été « désionnisée » car 
a honte de ce qui est fait aux Palestiniens au nom des Juifs. L’abandon de l’
Holocauste ne justifie pas l’abandon des victimes en Palestine. Peur que le conflit
 s’étende au-delà de la région car le gouvernement israélien actuel n’a aucune
 intention de le résoudre. Ce gouvernement a plutôt intérêt à développer le conflit pour
 casser les Palestiniens et les faire partir. La société civile israélienne est faible,
 la démocratie est en cours d’affaiblissement. Pas de pouvoir pour influencer les 
partis politiques en cours de fascisation. Reconnaissance que les racines du conflit sont 
1948, reconnaissance de la Nakba.  Reconnaissance du Droit au retour. Il faut un seul état.
Meyer MARGALIT, israélien d’origine sud-américaine, ICHAD, association
 israélienne qui travaille à la reconstruction des maisons palestiniennes.
Je me présente devant vous comme un israélien, et j’ai tellement honte. 
Je croyais dans les dires des prophètes, mais je dois reconnaître que les 30 dernières
 années ont été terribles. Nationalisme fort, oppression, peur. Il faut comprendre ça, 
ce sentiment de peur. Je suis ici avec ma femme, qui a lutté en Argentine. On se disait,
 hier, dans les rues de Paris : « Quel plaisir de se promener dans une ville 
sans avoir peur ». La peur nous empêche de regarder au loin.
Moi, je suis prêt à rendre les territoires dès demain matin, avec ou sans paix. 
Je ne veux pas être le conquistador de mes amis palestiniens.
Une grande partie de la population israélienne comprend que quelque chose ne fonctionne pas.
 Un grand front pacifiste est prêt à rendre les territoires. Et puis arrive un attentat, 
et la Droite vient nous dire : « Vous les voyez, vos amis palestiniens ? ».
En finir avec l’occupation et avec le terrorisme en même temps.
Si le mur a été construit, il pourra être détruit.
Paul NICHOLSON, Coordination européenne Via Campesina
Il pointe la dimension internationale et la reconnaissance à un niveau global de la 
lutte du peuple palestinien depuis 3 ans, lutte qui est devenue partie intégrante du
 mouvement altermondialiste. C’est un facteur d’espoir, avec une influence 
réelle sur le mouvement social global.
A Bilbao en Mai 2003, réflexions communes entre mouvements sociaux d’Amérique
 Latine, d’Europe, de Palestine et d’Israël. C’est à la suite de cette 
rencontre que la question Palestinienne a été mise à l’ordre du jour du FSE et du FSM.
5 actions prioritaires ont été définies au cours de cette réunion : 
- constituer un tribunal de guerre pour juger les crimes israéliens, 
- création d’un centre d’observation de l’occupation des territoires
 palestiniens, 
- campagne d’adoption des prisonniers palestiniens, 
- suspension des accords d’association, 
- promotion des actes de solidarité pour de meilleures conditions de vie des Palestiniens. 
Importance de réfléchir aux méthodes d’action de manière à ce que la question 
palestinienne ne disparaisse pas dans les revendications de l’altermondialisme.
Sharif OMAR, palestinien, PENGON
Je suis agriculteur, je viens du village de Jayyous, à quelques kilomètres de Qalqilya. 
La clôture passe entre le village et nos terres. Les soldats n’ouvrent la clôture que 
quelques minutes chaque jour, et encore, pas tous les jours.  On ne sait jamais si on pourra 
aller travailler ou non. Pourtant, nous avons beaucoup de travail, et beaucoup d’arbres 
fruitiers magnifiques. Nous faisons pousser tous les fruits dont vous pouvez rêver. 
Mais quand on récolte, on ne peut sortir les fruits.
Moi j’ai 5 enfants et 15 petits enfants. Qu’est-ce qui va se passer si je ne peux
 plus aller m’occuper de mes arbres ?
Je viens de faire construire une maison, mais à cause du mur je ne peux y vivre. J’ai
 été obligé de construire une cabane au milieu des vergers, parce que maintenant, les 
soldats ne nous laissent plus revenir au village le soir, alors qu’ils nous ont
 laissé passer le matin pour aller travailler. Tout est fait pour nous faire partir.
 Mais nous ne partirons pas. Maintenant, je dors le soir dans ma cabane et la journée,
 je peux travailler à mes arbres. Mais je ne vois plus beaucoup ma famille.
Il ne faut pas de barrière, cela ne sert à rien.
Au sujet des attentats-suicides, laissez-moi vous dire une chose : si je suis sur
 une terrasse et qu'un ennemi veut me faire tomber, je vais tout faire pour m'accrocher 
à lui et qu’au moins nous tombions tous les deux.
	
Abdel RHAMAN TAMIMI, palestinien, PENGON (Ongs palestiniennes environnementales) 
et Palestinian Hydrologic Group
Il n’existe aucune différence entre la politique du Likhoud et celle des
 travaillistes pour ce qui concerne le mur et les colonies. Autant de différence qu’entre
 le Coca-Cola et le Pepsi-cola. Le mur, c’est la dernière partie de la politique de 
colonisation. Il est fait pour détruire le passé et le futur.
Ce qui se passe actuellement n’est que la poursuite des plans officiels de contrôle 
de l’eau en Cisjordanie élaborés dans les années 30.
Nous sommes confrontés et victimes de 3 processus : celui d’accumulation, 
processus continu (des politiques successives du Likoud et des travaillistes allant toutes dans 
le même sens) ; celui d’intégration (mêmes efforts, mêmes mentalités pour intégrer 
le mur et les colonies) ; celui de contrôle de l’eau (l’eau ne sera bientôt 
plus pour nous ni disponible, ni accessible). Les infrastructures construites aujourd'hui 
sont établies selon un plan qui va jusqu'en 2050. Toutes las actions sont planifiées, il 
n'y a pas d'action isolée
En 1991, le Ministère de l’Agriculture israélien a publié un article qui indiquait
 comment s’emparer de l’eau. La carte est la même que celle de l’implantation 
du mur. La politique pour l'avenir est le contrôle de toute l'aquafère de l'Ouest de la
 Cisjordanie, afin que les Palestiniens deviennent seulement des clients.
Il n’y aura bientôt plus d’agriculture possible dans le nord de la Cisjordanie. 
Les Palestiniens en seront réduits à travailler dans les usines israéliennes. Le Mur va 
vider les régions du Nord et créer une politique de faits accomplis. Lors des futures 
négociations, il sera dit que ces régions sont vides.
Notre pays ne sera constitué que de grands blocs coupés les uns des autres. Il est impossible
 de créer un Etat viable dans ces conditions. Le mur tue la géographie, l’avenir du 
peuple palestinien.
Omeyya SEDDIK, français, Mouvement de l’Immigration et des Banlieues
On a le droit de penser que laisser 2 Etats côte à côte, c’est perpétuer le danger,
 faire monter la violence, et que ça maintient la notion d’apartheid « ethnique ».
Michèle SIBONY, française, Union Juive Française pour la Paix
Précision : UJFP signifie « Union juive française pour la paix », et
 non pas « Union des juifs français pour la paix », volonté d’avoir une 
opinion représentative non communautariste.
L’UJFP a beaucoup grossi ces dernières années de par la volonté de plus en plus 
de juifs de se démarquer du discours communautaire, qui s’est voulu représentatif et
 dominant dès le début de la 2ème Intifada. Elle cite R. Cukierman, Président du CRIF,
 qui a « embrigadé les juifs sans leur demander leur avis ». En face, côté 
musulman, les représentants ont toujours été plus réservés et modérés.
La communauté juive française représente environ 600.000 personnes, c’est la
 2ème après New-York et elle constitue un enjeu que Sharon ne peut pas négliger. Eyal Sivan,
 cinéaste israélien, a dit que, pour Sharon, « il était fondamental que les juifs et 
les arabes n’arrivent pas à se mettre d’accord en France, Etat laïc et républicain,
 afin que l’opinion publique ait la démonstration qu’il en est ainsi partout
 ailleurs ». Mais la réalité du terrain est tout autre : au FSE, 18 associations
 juives de 9 pays différents luttent pour la reconnaissance des droits des Palestiniens.
 En France, l’UJFP tente, avec certaines organisations comme l’
ATMF (association des travailleurs maghrébins en France) d’avoir un discours commun.
Le conflit israélo-palestinien est politique et réclame des solutions politiques,
 par le biais du droit international. Les différentes missions civiles ont pu témoigner
 que les Palestiniens ne sont absolument pas dans le clivage juifs / arabes ;
 les Palestiniens veulent que les Israéliens se retirent, c’est différent.
Leïla SHAHID (depuis la salle), palestinienne, représentante de l’Autorité Palestinienne
 en France
Il est primordial de penser globalement la Paix. Rafah détruite à 50%, Qalqilya complètement
 isolé : profondément choquée que le représentant de l’UE, Marc Hotte est
 boycotté par le gouvernement israélien pour le punir d’avoir rencontré Yasser Arafat.
 Pendant ce temps, l’UE a prolongé les accords d’association avec Israël,
 Tous les avantages sont donnés à Israël qui traite le représentant européen comme 
du « caca » ! On n’a pas encore vu une seule protestation dans les médias 
européens. 
Les européens doivent instituer le règne du Droit.
Tamir SOREK, israélien, association pacifiste Yesh Gvul (« Il y a des limites »)
Raji SOURANI, palestinien, directeur du Palestinian Center for Human Rights
Le peuple palestinien a besoin :
de l’application du droit international,
de la fin de l’occupation israélienne de ses territoires,
du droit à l’autodétermination.
La 4ème Convention de Genève, qui a été élaborée pour la protection des populations
 civiles en situation de guerre, n’est toujours pas appliquée au peuple palestinien. 
Alors que l’ensemble des nations considère Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem Est 
comme des territoires occupés, l’Etat d’Israël les considère comme « territoires 
disputés », ce qui lui permet de sortir du cadre de la 4ème Convention de Genève.
Au titre de cette Convention :les colonies sont des crimes de guerre,
ainsi que le transfert de population,l’annexion des territoires,les assassinats ciblés,
etc.
Depuis 1999, il n’y a eu aucune réunion significative des pays signataires de 
la 4ème Convention de Genève.
Raji Sourani souligne le rôle formidable de la population européenne pour protéger 
les populations civiles.
Au sujet de l’initiative de Genève : Raji Sourani insiste sur le fait que la 
Suisse a pour l’instant échoué dans son rôle de garant des conventions de Genève. 
Les Palestiniens demandent : « la règle de la loi, pas la règle de la
 jungle ». Pas besoin qu’un accord entre intellectuels justifie les crimes de
 guerre perpétrés par Israël. « L’accord de Genève légitimise les crimes de guerre
 commis par Israël ».
Dominique VIDAL, français, Le Monde Diplomatique
Il existe un fossé entre une opinion publique européenne largement en faveur des
 palestiniens et une réelle difficulté à mobiliser les gens au sein des mouvements de 
solidarité. Le récent sondage, selon lequel 59% des européens pensent qu’Israël est 
le pays qui menace le plus la paix sur le plan international, montre bien que les citoyens
 européens ont des opinions très tranchées.
Depuis deux ans, malgré une manipulation marquée de certains médias et intellectuels, 
l’opinion française se forge ; il y a de plus en plus de gens qui soutiennent 
les Palestiniens, alors que le soutien aux israéliens stagne. Alors, pourquoi ce fossé cité
 au début ?
tout d’abord, la plupart des gens s’en tiennent plus, par habitude, à une simple
 manifestation de solidarité stricto sensu,
plus fort encore, il existe un problème d’orientation politique : si nous voulons
 un véritable mouvement de masse, il faut rompre avec la tradition française qui cherche à 
tout prix les clivages et qui évite les rassemblements (le « rétrécissement » 
n’est-il pas ainsi un moyen de s’assurer de la « pérennité » 
révolutionnaire de tous nos adhérents ?).
enfin, on a fait volontairement la jonction entre le mouvement altermondialiste et les jeunes
 issus de l’immigration mais, en réalité, les organisations ont du mal à travailler avec
 les jeunes des cités sur un pied d’égalité ; chez certains militants très à gauche
 subsiste encore un esprit néo-colonialiste.
L’analyse de la stratégie sioniste est indispensable pour comprendre le conflit 
israélo-palestinien ; un constat : la question du sionisme, sur le plan politique,
 est obsolète. L’Etat juif existe. Le problème, c’est la politique de répression 
menée par le gouvernement israélien en Palestine. Face à cela, la solution est que les 
organisations se rassemblent sur la base du droit international, quelles que soient leurs
 positions religieuses ou idéologiques.
Il s’agit également de résister au terrorisme intellectuel qui sévit depuis deux 
ans sur la question de l’antisémitisme : il ne faut laisser subsister aucune
 ambiguïté par rapport à cela ; il ne faut pas non plus sous-estimer les violences
 anti-juives, même si les violences anti-arabes ne sont pas recensées de manière aussi 
systématiques. Bref, ne plus tolérer aucune forme d’antisémitisme ou d’islamophobie.
Le plan de Genève : le Monde Diplomatique s’est battu contre la légende
 Barak à Camp David et a donné des preuves que le 1er Ministre israélien pouvait aller 
plus loin ; les accords de Taba ont constitué un pas en avant ; le plan de Genève, 
de la même manière, peut être considéré comme un pas en avant, même si certains points ne
 sont pas satisfaisants au regard du droit international :
sur la question des réfugiés : seul l’Etat Palestinien est admis à accueillir
 les réfugiés sans conditions,
le plan de Genève entérine la colonisation juive à Jérusalem et autour.
Il revient avant tout aux palestiniens de décider s’ils rejetteront, ou non, le plan 
de Genève, c’est d’abord leur affaire.
Pour resituer le plan de Genève dans le contexte : en 3 ans, Sharon a réoccupé la 
Cisjordanie, plus de 3.000 palestiniens ont été tués. La priorité absolue aujourd’hui, 
c’est d’arrêter cette hécatombe et d’en revenir au terrain de la négociation.
 Le plan de Genève tombe à pic : Israël est en pleine faillite sécuritaire, économique
 et sociale, ainsi que dans une impasse diplomatique (voir le vote massif lors de l’AG 
de l’ONU contre le mur). Le plan de Genève casse la propagande menée par Barak puis
 Sharon et montre que la paix est possible, qu’il existe des partenaires valables 
parmi la gauche israélienne et parmi les Palestiniens. Sauf si l’autorité palestinienne 
rejette le plan de Genève, rien ne peut laisser penser que ce plan ne représente pas un petit
 espoir de paix.
Michel WARSCHAWSKI, israélien, fondateur de l’Alternative Information Center,
 Jerusalem
Le FSE n’est pas, contrairement à ce qu’a dit Dominique Vidal lors d’
une précédente intervention, une grand messe, mais bien une immense réunion de travail
 qui a bien évolué depuis Florence et Genève. La presse soulève souvent cette question :
 « Pourquoi les altermondialistes s’intéressent-ils autant à la problématique
 palestinienne ? » Cette question n’est évidemment pas neutre, et sans doute 
limite antisémite ! Une des réponses, c’est peut-être que la Palestine est le seul
 pays dont l’Ambassadrice vient aux forums comme une simple militante, assister aux
 débats et échanger des idées (ndr : Leïla Shahid a participé à plusieurs des séminaires
 sur la Palestine, dans le public).
L’apartheid est une nouvelle réalité de ce monde. On crée des murs partout. Shenguen, 
c’est des murs, entre le Nord civilisé et le Sud barbare. Des murs entre les quarties
 riches et les quartiers pauvres. Il faut contre-attaquer, et créer un front « Blanc,
 beur, noir ».
Lourde responsabilité des soi-disant intellectuels qui ont réveillé l’antisémitisme.
Dominique (de retour de mission en Cisjordanie)
Il faut personnaliser chaque victime. Ca ne peut pas être une addition. Chaque cas est différent.
 Il faut rapporter des faits précis. Impressionnée par la résistance pacifique active.
 Vouloir maintenir une cohésion sociale malgré la situation, tout en envisageant l’avenir. 
Les Palestiniens supplient l’Europe de faire quelque chose d’une seule voix.
Conclusions : 
- Nicholson a dit que la mobilisation de milliers de citoyens européens est réelle, mais 
qu’une coordination de ces mobilisations doit être mise en place d’urgence.
- De jeunes palestiniens dans la salle réclament la mise en œuvre de choses pratiques, 
car on peut faire 100 conférences de la sorte, sans que rien ne bouge. En ce qui concerne la
 protection internationale, elle va seulement protéger les Palestiniens de l’oppression, 
mais pas forcément faire respecter leurs droits.
- Une militante suisse dit que l’Initiative de Genève est un facteur de démobilisation.
 Il faut que les Internationaux aident les Suisses à protester contre ce show médiatique à la
 signature de ce texte. Collaboration militaire du gouvernement suisse, pas de respect des 
Conventions de Genève, alors qu’ils sont garants des traités.
- Organiser une campagne pour rompre l’isolement de Gaza.
Une question de la salle :
Et les colons, qu’est-ce qui se passera pour eux le jour où les Israéliens devront
 quitter les Territoires ?
Remarque de l’AFPS Alpes Hautes-Provence au sujet de l’intervention de
 Dominique Vidal : son discours est peut-être un peu trop « parisien ». 
En province, les gens ont moins de mal à se mobiliser ; outre des actions très concrètes 
et multiples, les organisations ont des débats d’idées au moins aussi profonds que ceux
qui ont cours dans la capitale !
IMAGES DU FSE